Mieux faire vivre la démocratie interne, une impérieuse nécessité pour notre parti.


Thème : Démocratie interne


La fédération de Loire-Atlantique du Parti socialiste a mis en place un groupe de travail sur la question de la démocratie interne.

Ce groupe de travail a réuni des camarades des différentes orientations de notre parti. Le fruit de leur travail constitue le socle de cette contribution thématique.

Pour les participantes et participants de ce groupe de travail, la question de la démocratie interne est centrale et urgente. Il en va du développement et de la pérennité même de notre parti, pour la défense des valeurs du socialisme et de la démocratie en général.

Nous sommes convaincu·e·s du rôle essentiel des partis politiques dans le fonctionnement de notre démocratie. Mais pour y jouer un rôle majeur, notre parti doit se questionner, s’adapter et s’améliorer. Alors, évidemment, on nous dira que notre parti n’est peut-être pas pire que certains autres, nous en convenons. Mais il devrait être exemplaire !

La question du fonctionnement d’un parti politique, de sa gouvernance, de ses processus démocratiques, n’est pas annexe ou secondaire. Elle dit au contraire beaucoup de l’attention que nous portons à celles et ceux qui le compose, qui le font vivre, qui sont sur le terrain pour défendre un idéal et des valeurs communes . Mettre les militantes et les militants, la réflexion idéologique, au cœur du parti, à tous les niveaux, est une nécessité. Trop souvent ils et elles ont le sentiment de n’être pas consulté·e·s sur l’essentiel, que les décisions sont prises sans eux, sans elles ou dans l’urgence.

Il y a un grand ressenti d’un manque de transparence. Cette contribution thématique ne se veut pas vue comme une remise en question mais bien comme une envie de progresser collectivement. Nous venons ainsi interroger et donner quelques pistes de réponses sur la place des militantes et militants, la place des sympathisant·e·s, de l’appel à la « société civile » (terme particulièrement inadéquat), du lien avec les associations ou les corps intermédiaires qui doivent aussi être discutés. Ensemble, dans ce congrès, faisons en sorte que notre parti sorte renforcé.

A – Quelques constats et interrogations

a- Une communication interne à améliorer. Nous faisons le constat d’un manque de communication au sein de notre formation politique. Du bas vers le haut et réciproquement, mais aussi entre militantes et militants. Même si des outils intéressants comme la Newsletter hebdomadaire aux militantes et militants ou la lettre régulière aux secrétaires de section, constituent des progrès évidents, des efforts restent à faire pour faciliter la transmission de l’information, pour donner des clés de compréhension sur l’action de nos représentant·e·s, de nos élu·e·s. On se rappelle par exemple l’expérience intéressante de la Coopol, qui avait été un relatif échec, mais peut-être parce que trop précurseur et pas encore dans l’air du temps. Comment ouvrir des espaces de débat ou de consultation des militantes et militants ? Comment nous approprier de nouveaux outils de travail plus collaboratifs ? Lors de la dernière campagne des législatives nous avons côtoyé d’autres pratiques militantes, avec une communication sur des temps très courts, grâce à diverses applications (du type Signal, WhatsApp, Telegram...) Même si LFI, pour ne citer qu’elle, n’est sans doute pas un exemple de démocratie interne, leurs militant·e·s ont l’impression d’être plus inclus·e·s dans la prise de décision. Certes tout le monde n’a pas la même possibilité d’accès aux nouvelles technologies. Il faut donc prévoir une initiation et compter sur le rajeunissement des militant·e·s, du moins devons-nous tout faire pour !

b- Une meilleure prise en compte des sections et des fédérations dans les grandes orientations de notre parti et dans les désignations des candidates et candidats, à quelque niveau que ce soit. Nous devons veiller à travailler davantage avec les sections et les fédérations pour préparer les différentes élections. C’est le lieu premier de l’expression des militantes et des militants. Cette parole doit être entendue et mieux prise en considération dans les différents processus de décision. Au niveau fédéral comme au niveau national.

c- Favoriser l’accueil et la formation des nouvelles et nouveaux adhérent·e·s (et il yen a !). Si nous voulons (re)donner le goût du militantisme, (re)donner la foi en un Parti socialiste qui peut changer le monde, que chacun, chacune puisse se dire qu’être élu·e n’est pas forcément réservé à une petite élite d’initié·e·s, alors il faut nous en donner les moyens ! Le Parti socialiste ne doit pas abandonner son rôle d’éducation populaire. Il faut des ateliers de formation, il faut faire venir des expert·e·s. Nous manquons d’apport théorique. Nous avons aujourd’hui les moyens, notamment par la visioconférence, de faire participer nos responsables nationaux, des personnalités qualifiées à nos débats. Nous devons utiliser ces nouveaux moyens et enrichir nos travaux.

d- Un sentiment partagé que celles et ceux qui sont élu·es perdent plus ou moins le contact avec les militant.es de « base », avec le terrain. (Et celles et ceux qui sont désigné.es comme candidat.es ne sont pas souvent issu.es de ce terrain). La France ne se résume pas à Paris ou aux grandes métropoles, la diversité de nos territoires doit s’exprimer et compter. Une fois élu·e·s, même avec beaucoup de bonne volonté, les fonctions électives accaparent nos représentant·e·s qui sont alors moins présent·e·s dans nos instances. Il faut trouver un équilibre pour permettre le dialogue entre les militantes, les militantes et les élu·e·s. Il règne une certaine opacité sur la manière dont nos parlementaires forgent leurs positions. Discussions en groupe parlementaire ? En accord avec le parti ? Dans ce cas avec qui ?Comment favoriser un dialogue plus présent avec les militant·e·s ?

e- Une méconnaissance des rouages, des responsabilités dans notre parti, va à l’encontre d’une vie démocratique et laisse la part belle à celles et ceux qui sont déjà en place. Cela favorise un centralisme qui nous prive des compétences de personnes reconnues par les militantes et militants, et permettraient un vrai renouvellement.

f- Où en est-on de la promesse de la possibilité de vote électronique pour nos consultations et élections internes ? Se réunir physiquement pour ces occasions doit être préservé, car ce sont souvent des moments de débats. Mais le vote électronique serait un facteur de démocratie, permettant à celles et ceux qui peuvent se déplacer de tout de même s’exprimer. Nous savons aussi que notre processus de vote est lourd à organiser ne favorise pas les consultations rapides des militant·e·s. Le vote électronique, sécurisé, devrait favoriser la consultation et l’expression plus régulière des militantes et militants.

g- Associer autrement la « société civile ». Même si les avis sont un peu partagés sur le rôle que l’on peut assigner aux sympathisants et sympathisantes, à ce que parfois on qualifie de « société civile », on souligne un problème sémantique entre « militant·e·s », « adhérent·e·s » (qui n’est pas forcément militant·e·s), et « sympathisant·e·s ». Quelle est la place de chacune et chacun ? Y a-t-il un intérêt à adhérer ? Le droit de participer aux décisions, de choisir ses représentant·e·s, ses candidat·e·s, est réservé aux militant·e·s. Pour autant il nous faut trouver des formats renouvelés pour associer les sympathisantes et sympathisants à nos débats, leur permettre de venir enrichir nos échanges et confronter nos points de vue.

B – Quelques premières propositions

a- Revenir sur la question du vote électronique et permettre des consultations sécurisées et plus régulières des militantes et militants.

b- Se donner des outils de communication et de travail collaboratif, qui devraient être conçus, si possible, hors Microsoft, Google, etc. (cf. la Coopol).

Il existe aujourd’hui de nombreux outils collaboratifs et plateformes pour permettre le dialogue entre militant·e·s et un travail plus approfondi. Saisissons-nous de ces nouveaux outils, de ces nouvelles technologies.

c- Ouvrir les commissions nationales aux militant·e·s. Ce sont des instances de travail, dans lesquelles les militantes et militants peuvent apporter leur expertise. Mais ces commissions peuvent être aussi des moments d’information et de formation. Connaître d’une façon générale les commissions nationales qui existent, qui en fait partie, comment en faire partie, pouvoir suivre leurs travaux, même à distance. Cela contribuera à donner plus de transparence au fonctionnement du parti et aux prises de décisions. Pouvoir suivre les séances du conseil national, les séances de commissions nationales à distance (ce qui commence à se faire) par toutes les militantes et tous les militants, avec éventuellement un code d’accès, serait un facteur important de transparence.

d- Instituer des ateliers de formation sur le fonctionnement du parti, sur les grandes questions de société, sur des thèmes particuliers pérennes ou d’actualité.

e- Instituer de façon régulière des comptes rendus de mandat, pour que les adhérent·e·s (militant·e·s ou non) aient le sentiment qu’ils et elles ont un lien privilégié avec leurs élu·e·s (en particulier député·e·s), qu’ils et elles ont une vraie influence sur les décisions prises (donc que c’est utile d’adhérer et de militer). Cela contribuerait à enrichir aussi la réflexion de l’élu·e. Dans les territoires sans député·e socialiste mais avec des député·e·s NUPES, il faut pouvoir participer à ce qui pourra être organisé au niveau de la NUPES, à un échelon départemental ou de circonscription, pour assurer la présence des socialistes sur le terrain. f- Donner une nouvelle place aux adhérentes et adhérents, que les adhérent·e·s n’aient pas pour seul rôle de voter des décisions ou des textes pensés « en haut », de coller des affiches ou distribuer des tracts. Ils et elles doivent contribuer, dans leurs sections, de façon effective, à l’élaboration des projets, à la désignation des candidat·e·s, qu’ils et elles aient vraiment leur mot à dire. C’est ce qui les différenciera des simples sympathisant·e·s, et donc pourra inciter à adhérer.

g- Lutter en permanence contre le centralisme des décisions. Ce qui précède doit y contribuer. Faire en sorte que chaque militante ou militant puisse avoir accès, sans difficulté, à tout ce qui concerne le parti, quel que soit l’endroit où il ou elle demeure. Les sections sont très diverses, et parfois très étendues géographiquement, en secteur non urbain. Il est également nécessaire de renforcer les liens entre fédérations et national. Cet ancrage territorial est impératif et nécessite une écoute et un soutien du national.

h- Le terme « société civile » tel qu’il est employé aujourd’hui, notamment dans les listes de candidat·e·s aux élections, revient à entendre que les adhérent·e·s et militant·e·s n’en font pas partie. C’est dénigrer l’inclusion et l’action des adhérent·e·s et militant·e·s dans la vie de la cité. Le terme de personnes ou personnalités « non-encarté·e·s » devrait être privilégié.

i- Une idée spécifique aux législatives. La contrainte de la parité (et heureusement !) des désignations des candidates et candidats fait souvent naître de l’insatisfaction, car on a l’impression que ce ne sont pas toujours les « meilleur·e·s » ou les mieux préparé·e·s qui sont finalement désigné·e·s. Ces élections, comme les autres, doivent être préparées largement en amont pour qu’éventuellement des personnalités nouvelles se présentent, avec un programme qui n’est pas hors-sol, qui n’est pas langue de bois, mais le reflet des échanges en section.

j- Enfin, et si nous terminons cette liste par ce 10ème point, nous aurions pu commencer par cela : la démocratie implique le respect mutuel. Chacun, chacune doit avoir le droit de s’exprimer, ne pas se sentir presque méprisé·e lorsque sa parole est hésitante ou non experte, s’il ou elle n’a pas les bons codes. (et nous revenons aux points précédents, le Parti socialiste doit être aussi un lieu d’éducation populaire, qui contribue à libérer la parole). Il faut prendre soin des militantes et militants ! Elles et ils sont le cœur de notre beau Parti socialiste !

Ce 80e congrès doit être un congrès utile au Parti socialiste, un congrès pour nous poser les bonnes questions sur notre fonctionnement interne, sur notre capacité à nous adapter à un militantisme qui évolue, à des militantes et militants qui entendent prendre toute leur place dans les décisions et les choix de leur parti. S’engager en politique, s’engager à gauche, s’engager au Parti socialiste, c’est vouloir durablement changer la société pour un monde plus juste et solidaire.

C’est aussi vouloir prendre pleinement sa place dans la structure au sein de laquelle on milite. Ces questions de démocratie interne sont centrales et urgentes pour reconstruire notre parti, pour le vivifier et pour tenir toute notre place au sein de la gauche, et de la NUPES, pas seulement dans les instances dirigeantes, mais surtout sur le terrain, dans les territoires parce qu’on aura pris le temps de la réflexion approfondie et de la consultation véritable.


Signataires

Dominique RAIMBOURG, 1er secrétaire fédéral,
Philippe AUBERT, Bureau fédéral, section Nantes centre sud,
Sylvain BACLE, secrétaire de section Bouguenais,
Karim BENBRAHIM, secrétaire de section Nantes nord,
Yves BERTHELOT, section Guérande,
Pascale BOUCHAUT LE BRENN, section Guérande,
Anne BOYE, trésorière section Presqu'île ouest, secrétaire fédérale à la démocratie interne
Michel BRENON, trésorier fédéral,
Olivier CHATEAU, section Nantes centre sud,
Benoit COGNE, secrétaire de section Guérande,
Delphine COUAT PROU, secrétaire de section Vertou Goulaine Les Sorinières,
Roger COUE, section Ouest Brière,
Christine DENNE, secrétaire de section Presqu'ïle Ouest,
Michael DLUS, secrétaire de section Thouaré Mauves,
Frederic ENGELMANN, titulaire au CNCF Secrétaire fédéral Europe et International,
Sylvie FINCK, Bureau fédéral, section Nantes Est,
Christelle GOURAUD, section Rezé Sud Loire,
Françoise GUCHET, section Coeur d'Estuaire
Marc GUIHENEUF, secrétaire section Rive Sud Loire,
Anouck JURAVER, secrétaire fédérale citoyenneté- Cellule interne contre les discriminations,
Nathalie LEBLANC, secrétaire de section La Chapelle sur Erdre,
Augustin LECHAT BLIN, section Nantes Ouest,
Nadine LE PABIC, secrétaire de section Rezé Sud Loire,
Valérie LIEPPE DE CAYEUX, Bureau fédéral, section Herbauges,
Lydia MEIGNEN, secrétaire de section Le Brivet,
Dominique MICHENOT, section La Chapelle sur Erdre,
Marie PASCAUD, secrétaire de section Semaloire
Jean-Luc PERRAIS, section Guérande,
Gérard POISSON, secrétaire de section Canal et Don,
Josiane ROBERT, secrétaire de section Pornichet,
Neige ROUX, section Nantes Est,
Philippe SEGRETAIN, section Guérande,
Malika TARARBIT, Bureau fédéral, section Rezé Sud Loire,
Vanessa THOMAS, suppléante du CN, section Nantes centre sud,
Alexandre CAHAREL, section Guérande
Nicolas DUCROCQ, section La Chapelle sur Erdre,
Frederique COGNE, section Guérande,
Arnaud PICHELIN, section Guérande,

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