Il y a les paroles et il y a les actes : « L’école de la confiance » chère au Ministre Blanquer passe sous les fourches caudines d’un budget 2021 de l’Éducation nationale qui relègue définitivement notre système éducatif sur l’étagère des accessoires, au moment même où les attentes à l’égard de l’institution scolaire sont exacerbées par une actualité anxiogène et déstabilisante -crise sanitaire, assassinat de Samuel Paty…-.
Aux quelques 1883 postes supprimés dans le second degré à l’occasion du budget 2021 présenté en septembre dernier viennent s’ajouter des dotations horaires globales –DHG– en très forte diminution pour les disciplines en collèges comme en lycées.
Suppressions de postes, augmentation des effectifs élèves, diminution de l’offre d’options et des spécialités : c’est une véritable régression éducative qui se met en place et qui frappe sans distinction les établissements en zone rurale, en zone urbaine mais également en éducation prioritaire avec des classes à 28 élèves en REP -Réseau d’Éducation Prioritaire- et en REP+, bien au-dessus des effectifs habituels de 24 ou 25 élèves dans ces territoires.
Afin de pouvoir tenir sa promesse d’une « priorité au premier degré » traduite par le dédoublement des classes de CP et de CE1, véritable mantra ministériel sans cesse rabâché, le ministre Blanquer a supprimé plus de 5000 emplois dans le second degré quand dans le même temps les effectifs augmentaient de 30 000 élèves chaque année.
Au-delà de l’augmentation régulière des effectifs dans les collèges et lycées avec souvent 30 élèves par classe, l’impact de cette « saignée » dans les postes du second degré destinée à alimenter l’école élémentaire se traduit concrètement par une dégradation des conditions d’enseignement et une mise à mal des dispositifs pédagogiques : suppressions de spécialités et d’options, remise en cause des actions de soutien et d’accompagnement pour les élèves en difficulté, individualisation des parcours, travaux en groupes restreints…
Et comme à chaque fois, ce sont les élèves les plus en difficulté qui pâtissent en premier lieu de ce sabordage du service public d’enseignement qui, de fait, perpétue la reproduction d’un entre-soi et d’une École incapable de faire en sorte que le destin des individus ne soit pas figé dès le plus jeune âge.
La stratégie ministérielle qui consiste par ailleurs à compenser les suppressions de postes par des heures supplémentaires -équivalant à 1000 postes !- a fait long feu et ne trompe plus personne puisque les enseignants, déjà contraints d’assurer 2 heures supplémentaires depuis 2019, sont surchargés de travail dans des conditions de plus en plus difficiles.
C’est ainsi que le rapport du sénateur LR Jacques GROSPERRIN sur l’enseignement scolaire a récemment confirmé que 12.3 millions d’euros de crédits pour les heures supplémentaires n’ont pas été consommés au cours de l’année 2019 !
Tout aussi inquiétant au cœur d’une crise sanitaire qui aggrave les inégalités et qui fragilise nos élèves en mal d’écoute, de suivi et d’accompagnement, l’absence de créations de postes de personnels de « vie scolaire » -conseillers principaux d’éducation (CPE), psychologues- participe d’une profonde remise en cause d’une école inclusive, juste pour tous et exigeante pour chacun.
Au final, le tour de « passe-passe » budgétaire du ministre Blanquer démontre, s’il en était besoin, que ce gouvernement privilégie résolument les économies de moyens au détriment d’une École qui placerait la démocratisation de la réussite et de l’excellence au cœur de notre pacte républicain.
Monsieur le Ministre Blanquer, il serait grand temps que vous fassiez vôtre la célèbre phrase d’Abraham Lincoln : « Si vous trouvez que l'éducation coûte trop cher, essayez l'ignorance ! ».
L’ Ecole : Blanquer m’a tué