Plan de relance européen : pourquoi nous soutenons l'initiative de Pedro Sánchez

Face à la crise du Covid-19, l’Europe a dû faire sauter tous les tabous. Nous, socialistes, portons depuis longtemps une autre approche de la construction européenne, sociale et écologique, celle que nous avons portée lors des élections de juin 2019.

Un nouveau projet européen est aujourd’hui à inventer, et il est utile et légitime que surgissent dans le débat public des idées nouvelles, par exemple pour mutualiser la dette ou se libérer du fardeau qui plombent tous deux la capacité d’action de certains pays, ou chercher à faire financer directement par la BCE les États, voire les citoyens.

Mais en tant que famille socialiste européenne, la seconde force politique du continent, nous avons une responsabilité : contribuer à faire émerger rapidement un plan de relance fondé sur la solidarité qui évite à l’Europe d’exploser, victime du grand écart entre Nord et Sud de l’Union.

Dans les mois qui viennent le continent va connaître une récession violente, pouvant dépasser 10 % du PIB. Selon une étude de la Commission européenne, entre les pays du Nord les mieux armés (Allemagne, Pays-Bas, Suède, Autriche), et les pays du Sud les plus frappés par le Covid-19 ou les plus fragiles (France, Espagne, Italie, Grèce), les trajectoires vont être totalement divergentes : des investissements de relance trois fois plus importants au Nord qu’au Sud, une récession et une perte d’emplois deux fois supérieures au Sud qu’au Nord. Sans des décisions rapides et fortes permettant d’éviter ce scénario catastrophe, l’Europe peut disparaître.

Le chemin politique est étroit car nous avons besoin d’une décision rapide du Conseil pour que l’Europe n’arrive pas après la bataille. C’est la raison pour laquelle nous avons apporté un soutien total à la proposition présentée par Pedro Sánchez visant à mettre en œuvre un plan de 1 500 milliards d’euros sous forme de recovery bonds, dette de très long terme ou dette perpétuelle levée par l’Union elle-même, adossée au budget de l’Union et dont les intérêts seraient financés par de nouvelles ressources propres.

En contournant la question de la mutualisation ou de l’annulation des dettes, aujourd’hui explosive et sur laquelle ne peut intervenir aucun compromis, cette proposition est la seule qui répond à l’urgence en s’appuyant sur quelques partis pris que nous partageons :

  • L’Union a besoin d’un budget ambitieux renforcé par des ressources propres, la crise nous impose d’avancer dans ce sens.
  • L’Europe doit apporter une réponse collective et solidaire qui passe par des transferts directs et non des prêts aux États particulièrement impactés.
  • Face à une circonstance exceptionnelle, nous devons faire quelque chose d’exceptionnel; demander à l’Union de lever 1 500 milliards, c’est exceptionnel mais c’est la bonne réponse à la crise actuelle si nous voulons être à la hauteur des enjeux.
  • Nous avons besoin d’un investissement collectif fort pour protéger nos populations, réhabiliter les services publics, et accélérer l’invention d’un nouveau modèle de développement autour du Green New Deal porté par notre ami Frans

Notre priorité immédiate est de trouver un chemin pour avancer « avec le Covid » en évitant la crise financière, en préservant les emplois et la cohésion sociale, tout en ouvrant un nouveau cours de la construction européenne. Sánchez a ouvert un chemin, mais cette partie n’est pas gagnée, le Conseil européen de jeudi a entrouvert la porte mais des désaccords majeurs subsistent. Toutes nos forces doivent être mobilisées pour faire aboutir une décision européenne autour des principes qu’il a mis sur la table. Ce sera notre fierté d’avoir demain gagné ce combat, c’est cette victoire qui ouvrira une voie pour une autre Europe.

 

 

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