- Le jeudi 13 juillet 2023 -
Brice Gaillard, secrétaire national au Budget, à la Planification écologique et aux Nouveaux indicateurs de richesse
On nous l’avait promis : le président Macron avait changé et devait engager son deuxième quinquennat dans une optique résolument différente. La transition environnementale devait être l’un des fers de lance de ces changements, avec la création, sous l’autorité directe de Matignon, d’un Conseil national de la planification écologique.
Malgré des difficultés évidentes à porter et à incarner cet engagement et malgré les doutes relatifs à la pertinence de cette nouvelle usine à gaz gouvernementale, nous avons pris acte des premières annonces en la matière. Des objectifs de réduction de l’empreinte carbone et notamment des émissions des gaz à effet de serre avaient été rendus publics. Le Parti socialiste avait alors noté l’établissement de ces objectifs, tout en s’inquiétant de l’absence de trajectoire, d’actions concrètes et de financements précis.
En parallèle, la présentation par le gouvernement d’un projet de loi relatif au verdissement de l’industrie avait renforcé ces craintes. En effet, alors que le rapport Pisani-Ferry — Mahfouz a récemment témoigné si besoin s’en faut de la nécessité d’un investissement public massif fort en faveur de la bifurcation écologique, c’est le choix de la mobilisation de l’épargne privée qui a été fait par le gouvernement, avec des objectifs de levées de fonds complètement insuffisants par rapport aux besoins.
Face à ces financements totalement inadaptés qui attestent de la légèreté d’un gouvernement obsédé par les baisses d’impôts et le démantèlement des services publics, le Parti socialiste attendait avec impatience le Conseil national de la planification écologique prévu le 5 juillet dernier. Si ce dernier a été logiquement reporté dans le contexte social qu’a connu notre pays, il est maintenant indiqué que la date du 17 juillet envisagée a été, elle aussi, annulée. En lieu et place, la Première ministre a fait le choix de réserver ses annonces au Conseil national de la transition écologique se tenant ce 12 juillet.
On savait depuis quelques jours que cinq milliards supplémentaires, s’ajoutant aux deux milliards déjà évoqués, seraient annoncés. Ce chiffre apparait en soi insuffisant, à fortiori car l’on ne sait pas à ce stade s’il s’agirait de redéploiement de crédits sectoriels (comme ceux du plan ferroviaire par exemple) ou de nouveaux crédits.
À l’issue de ces annonces, la confusion est plus grande que jamais : malgré quelques annonces sectorielles avec lesquelles le Parti socialiste n’est pas nécessairement en désaccord, il n’y a aucune stratégie d’ensemble crédible pour engager une réelle planification écologique. Et une nouvelle fois, les mesures concrètes sont repoussées, cette fois aux discussions budgétaires de l’automne prochain.
Au surplus, jamais le gouvernement ne répond à une question simple : d’où proviendront ces fonds que l’État entend engager ? La contraction des dépenses de fonctionnement des ministères et des administrations centrales, seule piste rendue publique à ce jour, n’apparait absolument pas crédible. Alors que le gouvernement fait de la résorption du déficit et de la dette l’une de ces priorités, ces annonces n’ont dans ce contexte aucune crédibilité.
En définitive, le Parti socialiste ne peut que regretter la légèreté d’un gouvernement qui, face à un enjeu politique fondamental qui devrait concentrer toutes les attentions, joue la carte de la confusion pour mieux ménager les grandes entreprises polluantes et éluder la nécessaire mise en place d’une fiscalité plus adaptée pourtant préconisée par le rapport Pisani-Ferry – Mahfouz.
Ce devrait être le rôle de la gauche de proposer des solutions pour l’empêcher. L’Etat devrait montrer l’exemple en augmentant sensiblement les rémunérations des fonctionnaires, notamment pour redresser ses capacités de recrutement dans les domaines de la Santé, de l’Education, de la Formation, de la Recherche, de la Justice et de la Défense…
2- Certes, pour faire revenir néanmoins les entreprises en Europe, l’Etat devrait les aider Mais ses moyens seront limités par la situation déjà très dégradée des finances publiques et le fait qu’il devra déjà augmenter fortement ses dépenses pour redresser les services publics (Santé, etc..). .. il n’est donc pas du tout illogique qu’il incite les entreprises à chercher des financements privés.
3- Le PS peut il à la fois critiquer une mobilisation insuffisante des fonds privés destinés au verdissement de l’industrie et recommander une taxation supplémentaire des grandes entreprises (comme le recommande le rapport Pisani Ferry- Mahfouz) sans préciser ce que serait la part des financements fiscaux et bancaires de sa politique ? (et accessoirement le rôle attendu des financements européens)?
Notre argumentaire ne peut pas reposer efficacement sur la seule critique de la politique du Gouvernement. Il a besoin d’être plus clair et plus précis pour être entendu et compris.