Pour une réorientation écologique, construisons un État moteur et renforçons nos services publics


Thème : Écologie


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Contributions thématiques des Jeunes socialistes
pour le 80e Congrès du Parti socialiste

CONTRIBUTION 2

Nous sommes en échec.

C’est ce que nous montre le rapport du GIEC publié en août 2021. Alors que nous devions, conformément aux Accords de Paris issus de la COP21, limiter le réchauffement global des températures de 1,5 degrés, les experts internationaux ont constaté que nous avons déjà atteint un réchauffement de plus d’un degré par rapport à l’ère préindustrielle.

Les effets de ce réchauffement sont partout observables. Ils touchent en particulier les plus précaires, en France comme dans le monde entier. Les ressources en eau diminuent, assoiffant des régions entières en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. Les décomptes les plus optimistes disent qu’entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes dans le monde habitent un territoire vulnérable aux effets du changement climatique. Nous parlons ici du tiers de l’humanité.

Notre échec, c’est celui mis en lumière par ce constat. C’est celui d’une inefficacité – sinon une inaction – dans la lutte contre le changement climatique. Socialistes, nous sommes écologistes. Nous savons que le socialisme qui vise à libérer l’Homme de toutes les contraintes qui pèsent sur lui pour lui permettre de s’épanouir dans le collectif, c’est le même que celui qui vise à faire cesser la prédation de l’économie sur la nature et les écosystèmes.

À travers cette contribution, les Jeunes socialistes proposent un cadre large et global pour enfin se donner des moyens d’agir contre le changement climatique. Ancrés dans leurs territoires, ils proposent des solutions locales innovantes et ambitieuses pour que nos services publics locaux soient en capacité de contribuer et d’accompagner l’effort étatique qui doit être démultiplié.


I. Soyons courageux, affirmons haut et fort que nous devons nous engager dans une réorientation écologique au service de l’humain

La direction qui est la nôtre depuis des décennies nous emmène droit dans le mur. Le productivisme, la société de surconsommation, la croyance que la liberté de l’Homme est fondée sur l’abondance matérielle... De tout cela, nous le disons : c’est fini ! Parce que la voie qui a été empruntée est mauvaise, nous sommes dans l’obligation d’engager non pas seulement une transition écologique – qui impliquerait que nous nous accommodons avec ce que nous venons de décrier, et que nous souhaitons seulement le rendre compatible avec les limites planétaires – mais une vraie réorientation écologique.

Nous ne cherchons pas à adapter le modèle capitaliste consumériste avec les impératifs climatiques, nous avons la volonté de mettre notre modèle économique au service de la protection de l’environnement, et donc du bien-vivre de l’humanité.

Avec ce concept de réorientation écologique, nous affirmons que nous devons changer nos fondamentaux. Non pas ajuster certaines variables, mais les changer. Un seul exemple : à partir de maintenant, nous refuserons d’utiliser le PIB comme unité de mesure de la richesse créée par la nation. C’est en tombant dans la recherche obsessionnelle de la croissance de ce même PIB que l’on en arrive à détruire d’une part les droits sociaux, et d’autre part notre environnement. Nous appelons donc à la création, à l’utilisation et à l’institutionnalisation de nouveaux indicateurs qui donneront à voir une nouvelle analyse du monde et de notre société. C’est seulement sur la base d’un regard renouvelé que nous serons en capacité d’opérer la réorientation écologique.

II. Nous soutenons le renforcement de l’État, pour qu’il devienne moteur et soit à l’initiative de cette réorientation écologique

Depuis la fin des années 1970, c’est une conception restrictive de l’État qui a prévalu. En voilà le résultat : les crises sociales explosent, l’urgence écologique s’empire de jours en jours. Nous actons l’échec de cet État minimum, de cet État régulateur qui par peur d’intervenir est considéré comme inutile et illégitime. Car c’est l’État qui, par son action, se légitime. C’est lorsque la puissance publique est exercée pour l’intérêt général, avec vigueur, qu’elle est reconnue.

Nous disons que l’État doit être moteur. Il ne doit pas seulement « pousser à », « contribuer à », « s’engager à ». Il doit faire, lui-même, car il en est le seul capable. Qui pense encore que le secteur privé sera celui où l’environnement trouvera son salut ? La recherche des profits implique de facto un régime de l’utilisation abusive et de prédation des ressources. La réorientation écologique sera menée par l’État ou ne sera pas. À l’heure actuelle, elle ne l’est pas.

Moteur, l’État doit donner la cadence. Il ne doit pas attendre puis accompagner les initiatives privées. C’est lui qui doit porter l’initiative. Que l’État reprenne son rôle d’initiateur des solutions d’avenir d’intérêt général.

L’État doit investir ! D’abord en propre dans des solutions appelées « sans regret » et arrêter de faire le simple pari des solutions technologiques qui à court terme, au moins, ne vont répondre qu’aux besoins des plus riches. Il doit aussi financer les collectivités locales, qui n’ont plus les moyens de leurs ambitions depuis la suppression de la taxe d’habitation.


III. Et parce que l’État ne peut pas tout, nous savons pouvoir compter sur les collectivités pour agir, grâce à un mouvement de municipalisation

Les collectivités territoriales sont déjà des actrices engagées dans des politiques de réorientation écologiques. Elles innovent sur leur territoire, font naître des solutions locales qui doivent nous inspirer. Un des principaux mouvements observés au niveau local pour agir concrètement dans un changement de modèle économique est celui de la (re)municipalisation. L’idée : sortir des délégations de service public, des partenariats public-privé, lorsque cela n’est pas nécessaire et nuit à l’efficacité des services rendus.

Une étude réalisée en 2019 par le think tank altermondialiste Transnational Institue a compilé les expérimentations de remunicipalisation dans les villes du monde entier. Il s’agit notamment de reprendre en régie municipale la conduction de certains services essentiels, notamment la distribution d’eau, d’électricité, ou encore la préparation alimentaire. Ce mouvement est déjà enclenché. La métropole de Lyon a par exemple pris la décision de reprendre en régie son service d’eau délégué jusqu’alors à Veolia.

La gestion de l’eau – la ressource qui va devenir de plus en plus précieuse au cours du siècle – en est un bon exemple. Elle répond à deux obligations morales : sociale tout d’abord, pour en assurer un égal accès à chacune et chacun, peu importe ses capacités financières ; et écologique surtout, car il est essentiel d’économiser et mieux user de l’eau. En l’espace de vingt ans, la part de la population française bénéficiant d’une gestion publique de l’eau potable est passée de 28 à 42%. Nous devons amplifier le mouvement. Les élus locaux socialistes doivent pouvoir s’inspirer de ces expérimentations pour aller vers une généralisation.

Avec cette re-municipalisation (qui peut aussi se faire au niveau des territoires, dans leur diversité), il faut repenser l’utilisation et la facturation de ces services. Toujours sur l’exemple de l’eau, est-il normal de payer autant pour remplir sa piscine que pour boire ? Est-ce normal d’utiliser de l’eau potable pour les chasses d’eau ? Il faut mettre en place de nouvelles normes, sans attendre.

Certains répondront que la remunicipalisation est impossible car elle coûterait cher, car elle dégraderait les conditions de travail des agents... Ces arguments doivent être battus en brèche. Selon la même étude, la dé-privation et la reconquête des services publics locaux permet une baisse des coûts d’exploitation des services, ainsi qu’une amélioration des conditions de travail. Car il n’y a plus de profit à réaliser au profit de l’éventuelle entreprise délégataire, il y a une libération de fonds. Un exemple : le conseil municipal d’Islington à Londres a repris des contrats d’une valeur d’environ 380 millions de livres pour des services de nettoyage et d’entretien des bâtiments ainsi que la gestion des déchets. Cette décision s’est traduite par un meilleur salaire et de meilleures conditions de travail pour les employés, et a permis d’économiser 14 millions de livres. Autant de fonds libérés pour la transition écologique sur les territoires. De plus, une gestion directe des déchets contrecarre, par exemple, les abus souvent effectués par les entreprises délégataires.

Les services publics de manière générale doivent s’imposer les principes de l’économie circulaire à leurs activités mais aussi aux acteurs de leur territoire. Les communes ont la capacité de servir d’exemple et d’induire de nouvelles pratiques dans les quotidiens. Les EPCI et les régions sont ceux qui ont les moyens humains et financier d’organiser les changements. Il est temps que le mille-feuille territorial français fonctionne dans le sens de la réorientation écologique.

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Chers camarades, les Jeunes socialistes vous proposent cette nouvelle voie : celle d’une réorientation écologique basée sur la reprise en main de l’État, et l’action territoriale permettant la naissance d’initiatives publiques pour lutter contre le changement climatique. Socialistes, c’est à nous d’inventer les solutions qui demain sauveront l’environnement en faisant progresser notre société et les conditions de vie des chacune et chacun. N’hésitons plus !


Premiers signataires :

Rémi Boussemart (59, AF JS, BN délégué aux idées et à la prospective, CF PS 59) Emma Rafowicz (Présidente des Jeunes socialistes)

Signataires :

Cédric Ardouin (37, AF JS, BN JS), Emma Boizot (43, AF JS, BN JS), Alexis Bouchard (35, AF JS, BN JS), Morgan Bougeard (75, BN délégué aux relations avec les partenaires), Yvain Bourgeat-Lami (75, SN aux fédérations des JS), Flavien Cartier (86, AF JS, BN JS, CN PS, conseiller municipal), Camille Castant (33, AF JS, BN JS), Victor Certain (34, AF JS, BN JS), Benjamin Claudon (54, AF JS, BN JS), Léopold Comtet (71, AF JS, BN JS), Guillaume De Almeida-Chaves (31, BN JS, conseiller régional), Alexia Descours (69, BN JS), Victoria Domenech (75, BN JS), Louis Estelle (04, BN JS, CN PS), Guillaume Girault (21, BN JS), Rémy Goubert (15, AF JS, BN JS), Rayane Guerboub (69, BN JS), Louis L’Haridon (95, AF JS, SN aux campagnes des JS), Basile Imbert (83, AF JS, BN JS), Pauline Le Fur (92, AF JS, BN JS, conseillère municipale), Garance Leroux (44, AF JS, Trésorière nationale des JS), Antonin Mahé (22, AF JS, BN JS, conseiller municipal), Joao Martins Pereira (94, AF JS, BN délégué à l’Europe et à l’international, SF PS 94), Charline Meyer (54, BN JS), Sarah Metennani (59, BN JS), Arthur Moinet (44, BN JS), Paul Rafroidi (95, BN JS), Thibaud Rosique (13, AF JS, BN JS, conseiller municipal), Anzil Tajammal (59, Secrétaire générale des JS), Joachim Taïeb (75, AF JS, BN JS), Gerard Andrieu (32, SF PS), Maxence Andrieux (69), Sam Arsac (FFE), Cyprien Asseh (59), Dominique Babe (69), Rudy Dimitri Bamanga (FFE), Jean-Christophe Bejannin (75), Jean Bellec (22), Théophile Bernard (FFE, AF JS), Léo Billiotel (75), Yannick Bré (35, SF PS), Hervé Brun (75, CA PS), Esteban Calles-Icard (04, AF JS), Gaëtan Canevet (49, CF JS), Quentin Capelli (32, BF JS), Camille Cauret (22, SF PS), Corto Centène-Bolognini (32, AF JS), Franck Charlier (71, 1er secrétaire fédéral), Luc Charpentier (12, SF PS), Philippe Chavanne (39, SDS), Antoine Chavant (23, AF JS), Maxime Clam (FFE, SF JS), Mélaine Compain (FFE), Christiane Constant (69, 1ère secrétaire fédérale, CN PS), Louis Daumal (75, BF JS), Arsène Dehec (59), Yannick Dejoie (75), Nicolas Délerin (35), Alain Delmestre (75, SNA), Michele Edery (69, CNE-CNE, SF PS, maire-adjointe, conseillère métropolitaine de Lyon), Ilyes El Othmani (75, SF JS), Thomas Escaig (92), Yacine Feradj (69, CF), Rémy Fleury (34), Stéphane Frioux (69, CF, Adjoint au maire), Rubens Froment (69, AF JS), Cyril Galle (59), Florent Gautier (75, SF JS), Michel Gelly-Perbellini (75, 1er secrétaire fédéral adjoint), Albert Godsens (59, SF JS), Gilles Gony (75), Liliane Govart (59, CF PS), Jérôme Guedj (91, député, SN PS), Franck Guillory (75, BF), Elias H'limi (94), Lucas Hamidi (59), Céline Henquinet (75, SNA, BN PS, SDS), Maxime Hernandez (59), Arthur Job (59, SG JS), Jacques Kermen (22, SDS), Nadia Kharfallah (31, AF JS, BF PS, SF PS, CF PS), Jonathan KIENZLEN (94, 1er secrétaire fédéral, SN PS, président du groupe au conseil régional IDF), Alexandre Lacambre Zamora (31, SG JS), Chloé Laurent (75), Philippe Le Goux (22, SF), Maël Le Pillouër (22), Aymerik Lemaire (62, CN PS, SF PS, AF JS), Sacha Loizeau (94, SF PS), Ézékiel Lucas (59, SF JS), Theo, Marie (59, SF JS), Mireille Massin (75), Renėe Mazéo (22, SF PS, conseillère municipale), Nora Mebarek (13, députée européenne, BN PS), Tristan Mitâtre (27, AF JS), Salomé Nicolas (92), Quentin Pak (69), Nathan Pedro-Nonni (94), Anna Pic (50, députée), Ahmet Polat (69, SF JS), JoellePortier (60, SDS ,CF, BF), Baptiste Potenza (32), Sacha Prevost (69), Manon Projean (59), Sarah Proust (75, SN PS), Loïck Rauscher- Lauranceau (75), Thomas Raux (69), Antoine Ravard (22, BN PS, SN PS), Timothée Remy (51), Monique Robert (35), Maxime Rodrigues (87), Guillaume Seris (76, AF JS), Véronique Stéphan (75), Fabienne Stochement (75), Yannick Trigance (93, SN PS), Clément Trihan (35, SF JS, conseiller municipal), Paul Valentin (95), Alexandre Valin (59), Dylan Vitrant (59), Karim Ziady (75, CN PS).


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