Socialistes à l’étranger : faire gagner nos valeurs au-delà de nos frontières


Thème : Français de l'Étranger


Avec plus de 3,5 millions de compatriotes installés à l’étranger, la communauté des Francaises hors de France ne cesse de croître. Alors que les expatriés “classiques” constituaient la majorité des Français de l’étranger, leur sociologie s’est diversifiée. Nos compatriotes partent à l’étranger pour travailler, étudier, accéder à la propriété en zone transfrontalière, ou se rapprocher de leur famille. Ils ont de plus en plus d’opportunités de le faire, la plupart du temps à travers des contrats de travail de droit local - ce qui pose aussi des défis en termes de portabilité des droits sociaux et d’accès à la retraite, à la santé, à une vie décente en cas de retour en France. 

Dans toute l’Europe, ils se sont durablement installés et jouissent en tant que citoyens européens d’une double appartenance affirmée, à l’avant-garde de l’unification politique et citoyenne du continent. Dans le reste du monde, cette population croît, se diversifie mais maintient un lien fort avec notre pays et ses valeurs - un lien mis à mal par le gouvernement Macron lors de la mise en place des restrictions d'entrée en France en période de pandémie, et par la suppression massive de services publics à l’étranger dans les dernières décennies. 

Malgré un intérêt affirmé pour certaines catégories de Français de l’étranger, les deux quinquennats d’Emmanuel Macron marquent un affaiblissement considérable de l’action publique destinée aux Français établis hors de France, qui représentent une des plus grandes collectivités territoriales nationales. 

Pourtant, ce ne sont pas moins de moyens publics qui sont nécessaires pour intégrer ces Françaises d’outre-frontières mais au contraire, un engagement renouvelé et refondé, suivant les évolutions des populations mais aussi du monde, de ses contraintes et des défis politiques, stratégiques, sociaux et environnementaux à relever. 

Socialistes de l’étranger, nous avons la chance exceptionnelle d'être au contact des évolutions du monde, d'être inspirés par les nouvelles réflexions, mobilisés par toutes les luttes à l’échelle internationale, mais aussi de pouvoir prendre le recul nécessaire pour identifier, en creux, là où notre action est nécessaire et essentielle pour notre pays et pour le monde. Cette vision que notre parti a toujours considéré comme une plus-value, nous amène à vouloir promouvoir les actions suivantes pour fonder notre action collective en France et en Europe :

Socialistes de l’étranger, nous renouvelons notre volonté de rassembler toutes les forces de gauche et notre soutien indéfectible à l’association Français du Monde-ADFE, avec qui nous partageons des valeurs progressistes et universalistes. Le soutien au tissu associatif des Français de l’étranger constitue un maillage indispensable à nos concitoyens en difficultés et un atout pour notre diplomatie d’influence, en particulier en matière de rayonnement de la langue et de la culture françaises et, au-delà, de la francophonie dans sa riche diversité. 

Socialistes de l’étranger, nous appelons à la mise en place de politiques publiques spécifiques envers les jeunes Françaises de l’étranger. La Fédération des Français de l’Etranger soutient en particulier le nouveau mouvement des jeunes socialistes à l’étranger, signe d’un dynamisme retrouvé et porteur d’espoir pour l’avenir. 

Socialistes de l’étranger, nous appelons à plus de justice sociale en France comme à l’étranger. L’action sociale auprès de nos compatriotes à l’étranger et leur accès aux besoins essentiels que sont la santé, la sécurité, ou l’éducation ne sauraient être laissés aux seules forces du marché. Le modèle français, c’est celui de la solidarité avec nos compatriotes et d’une diplomatie de rayonnement. La justice sociale passe par la justice fiscale. Cela inclut la lutte contre l’évasion fiscale autant que la lutte contre les doubles impositions. À cet égard, nous refusons l’idée d’une double imposition au nom d’un impôt universel, qui contrevient au droit international et au droit français. Nous n’oublions pas le statut particulier des non-résidents travaillant pour la France, parfois en France, sans pour autant pouvoir bénéficier à plein ni des aides locales, ni des aides françaises alors qu'ils constituent sur les franges frontalières une population souvent paupérisée.

Aussi, nous restons fidèles à la défense d’une diplomatie volontaire, pour la défense de la démocratie, de l’Etat de droit et de solidarité internationale.  

Socialistes de l’étranger, la moitié d’entre nous sommes binationaux, la plupart d’entre nous sommes intégrés dans notre pays d’accueil. Nous gardons notre nationalité, notre attachement à notre pays, à notre culture, à notre langue. Cette double-culture doit être mieux reconnue, notamment à travers une meilleure information de nos compatriotes expatriés par nos consulats concernant les spécificités légales et jurisprudentielles des pays dans lesquels ils s'installent (notamment en droit de la famille), concernant leurs droits et obligations légales, citoyennes, fiscales vis-à-vis de la France et du pays de résidence.

L’internationalisme est un existentialisme socialiste 

De nationalités ou de cultures multiples, nos vies et nos engagements de Françaises de l’étranger comportent toujours une dimension internationale. Nous voyons quotidiennement que les combats que le Parti socialiste porte en France, que ce soit pour améliorer les conditions sociales, la protection des populations, la fiscalité ou encore l’action environnementale ne peuvent atteindre leurs objectifs qu’à la condition qu’ils soient coordonnés au niveau européen et mondial. Il serait illusoire de penser que notre action politique ne se cantonne qu’aux frontières nationales. C’est notre responsabilité de socialistes, notre existentialisme, que de systématiquement envisager notre action dans une perspective plus large. 

Internationalistes, nous appelons au rassemblement des socialistes, travaillistes et sociaux-démocrates du monde entier, autour des valeurs de progrès social et de respect des droits humains, en particulier des droits des femmes et de la communauté LGBTQIA+, et de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Cette union doit passer par la fusion de l’Internationale socialiste dont le leadership renouvelé remettra les valeurs socialistes au cœur de nos combats, de l’Alliance Progressiste (née d’une scission qui n’a plus lieu d’être) et du Forum progressiste mondial, articulation indispensable entre socialistes, société civile, syndicats et mouvements de gauche tels que les démocrates américains ou le Parti des Travailleurs Brésiliens.

Internationalistes, nous proposons un changement de paradigme : une économie et une gouvernance mondiales basées sur le partage des ressources, sur la réappropriation démocratique des biens communs, et sur la priorité à la lutte contre le changement climatique dans le cadre des objectifs de l’Accord de Paris sur le climat comme moyens de prise en main de notre destin commun. Nous faisons de la lutte sociale, en France comme à l’étranger, non pas un objet de concurrence et de compétition, mais au contraire un combat commun porteur de solidarité entre les peuples. Dès lors, la gestion des crises dans des clubs de pays riches, comme le G20 ou le G7, sans souci du bien commun n’est plus acceptable : c’est à l’ONU, où chaque pays a une voix, que les crises de la dette, les questions environnementales, les crises liées aux pandémies, les crises financières doivent trouver des mécanismes de régulation contre-cycliques. Les crises récentes telles que la pandémie de COVID-19, le changement climatique, la guerre en Ukraine ont des effets localisés très sévères et aussi des répercussions économiques à l’échelle planétaire. Ces crises n’ont de solutions qu’à une échelle globale et requièrent de nouveaux mécanismes. L’Europe doit montrer le chemin, à travers la promotion de son modèle social et un fédéralisme mobilisateur. 

Internationalistes, nous réaffirmons notre engagement dans la bataille pour la survie de la démocratie et des droits humains.

Internationalistes, l’Europe nous permettra le dépassement des nationalismes si nous parvenons à en prendre la tête : nous avons plus que jamais besoin d’une Europe de gauche, capable de lancer des politiques volontaristes en matière environnementale (Socialist Green New Deal, convergence écologique, renforcement des conseils PSE sur ces matières), sociale (renforcement du PSE, de Rainbow Rose et du PSE femmes), stratégique (défense européenne, coopération OTAN-OSCE) et politique. Nous devons dès aujourd’hui nous mettre en ordre de bataille pour que les forces socialistes demeurent centrales dans le paysage politique européen - c’est le seul moyen de répondre à l’enjeu de l’urgence écologique et sociale, qui traverse toute l’Europe.


Signataires

Gabriel Richard-Molard, Cécilia Gondard, Thomas Godard, Cédric Givaudan, Jean-Philippe Berteau, Marie-Aude Thibaut, Nadia Huberson, Morgane Rolland, Sullivan Berthier, Rémi Carton, Catherine Smadja, Philippe Garbani, Théo Chino, Sylvie Duvernoy, Théophile Bernard, Yan Chantrel, Vincent Roué, Thomas Dowling, Henry Leperlier, Philippe Froguel, Maxime Clam, Augustin Ballot, Philippe Lasnier, Catherine Dib, Bruno Jean-Etienne, François Roussel, Guillaume Desclaux, Moschovia Kaskoura-Schulz, Jean-Yves Leconte, Halima Delimi, Hélène Conway-Mouret, Marie-Rose Koro

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